Pourquoi les aliments n’ont ils plus de goût ?
En France comme dans la plupart des pays industrialisés, le système de distribution alimentaire s’est considérablement modifié depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, on ne peut pas envisager la France sans la grande distribution. Cette dernière a utilisé sa puissance croissante pour formater les produits alimentaires vendus dans notre pays.
Le problème, c’est que la distribution en masse pose des contraintes importantes qui n’existaient pas auparavant. Si on prend l’exemple des fruits et légumes, il faut :
- qu’ils aient un aspect propre et net
- que les calibres soient homogènes et durables dans le temps (d’une récolte sur l’autre)
- qu’ils se conservent bien et subissent sans dommage les manipulations
- qu’ils puissent être disponibles sur la plus grande période de temps possible
- que la productivité soit forte et dans des délais acceptables
Pour remplir ce cahier des charges, les agriculteurs n’ont pas eu le choix :
- Ils ont réduit le nombre de variétés cultivées à la portion congrue, sélectionnant uniquement celles qui remplissaient les critères ci-dessus. On trouve 5 variétés de tomates en hyper contre 240 dans des catalogues de graines anciennes.
- Ils cultivent avec des méthodes qui favorisent une productivité maximum. Avec des engrais qui « dopent » les végétaux et des pesticides devenus nécessaires, car ils sont en fait « malades » de cette croissance artificielle
- Ils récoltent fruits et légumes avant qu’ils ne soient mûrs
De cette façon, les rayons des supermarchés sont remplis de produits pas chers. Et tout le monde est content, y compris les consommateurs dont les papilles ont été progressivement accoutumées à ces nouveaux produits. Ils acceptent ainsi implicitement d’absorber des résidus de pesticides à chaque repas.
Sauf qu’il suffit de s’amuser un jour à cultiver soi-même pour s’apercevoir de la supercherie. Les légumes et les fruits de son jardin n’ont RIEN à voir avec ceux des grandes surfaces. Même une bête pomme golden est bien meilleure quand on la cueille mûre sur l’arbre. Inutile de parler des tomates (pourtant mon sujet favori) : il y a un monde entre une tomate hybride de supermarché et une Yellow Brandywine succulente qu’on peut peler à la main pour faire un carpaccio (essayez donc de faire ça avec l’autre).
Le pire : on ne trouve presque plus de fruits et légumes cultivés comme avant. Les commerçants des marchés s’approvisionnent à Rungis, comme tout le monde. Les seules solutions : acheter bio (ils aiment bien les variétés anciennes) ou… faire son potager !
Ça tombe bien d’ailleurs parce que j’ai reçu cette semaine une enveloppe contenant de précieux petits sachets de graines : ma commande de fin d’année à l’association Kokopelli. Si mes semis sont moins foireux que l’an passé, on devrait se régaler !